Les lumières et le monde, les découvertes du XVIIIe siècle

Une autre manière d’envisager les Lumières

Professeur à l’université de Nice, Pierre-Yves Beaurepaire est un spécialiste de l’époque des Lumières et s’est particulièrement intéressé aux réseaux de sociabilité, comme la franc-maçonnerie, qui ont aidé à la diffusion des idées. On lui doit par exemple L’Europe des francs-maçons (Belin, 2012) ou La France des Lumières (Belin, 2011). Avec Les Lumières et le monde, il choisit ici de s’intéresser à un autre versant de la période : l’élargissement du monde.

Les grands voyages

Bougainville, Cook… ces grands navigateurs partis dans des voyages d’exploration embarquèrent à leur bord des scientifiques. Le but de ces voyages n’est pas de ramener de l’or ou des richesses. A côté du désir de découvrir (et de posséder) de nouveaux territoires existe, selon notre historien, la volonté de comprendre le monde et la soif de connaissances.

Ainsi des botanistes accompagnent Cook et ramènent en Angleterre et en Europe de nouvelles espèces végétales. L’herbier devient ainsi un objet d’envie, exposé dans des collections royales, publiques et privées. Une véritable solidarité internationale unit les botanistes, malgré les guerres de la Révolution et de l’empire, c’est remarquable à redécouvrir.

Tous ces scientifiques ont bâti les fondations de notre connaissance du vivant et la figure d’Alexander Von Humboldt résume assez leur passion. On ramène aussi des indigènes, peu survivent longtemps en Europe. Prémices des zoos humains de la période coloniale qui suivra ?

Connaître le passé

A côté de ces voyages de circumnavigation, il y a aussi la redécouverte de l’antiquité au Moyen-Orient via les consulats et les légations ouvertes dans l’Empire ottoman. Les vestiges égyptiens et le déchiffrage des hiéroglyphes devient alors une passion européenne qui oppose (et rapproche aussi selon les moments) scientifiques française et anglais. Beaucoup de vestiges prennent la direction de l’Europe au XVIIIe siècle et cet engouement s’amplifiera au siècle suivant avec l’expansion coloniale, au point qu’aujourd’hui des Etats africains réclament leur restitution.

En tout, l’ouvrage de Pierre-Yves Beaurepaire est une belle occasion de redécouvrir une facette méconnue du siècles des Lumières.

Sylvain Bonnet

Pierre-Yves Beaurepaire, Les lumières et le monde, Belin, mai 2019, 324 pages, 24 eur

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