L’Empire mérovingien, l’aube de la France

Un médiéviste de talent

Professeur à Sorbonne Université, Bruno Dumézil est spécialiste de l’antiquité médiévale. On lui doit par exemple une biographie de la reine Brunehaut (Fayard, 2008). Déjà auteur d’une très bonne synthèse sur l’État pendant la période franque, Servir l’État barbare dans la Gaule franque (Tallandier, 2013), il approfondit son étude avec L’Empire mérovingien, qui sort chez Passés composés.

Derrière le fondateur, une famille à réhabiliter

Bruno Dumézil décrypte avec talent, surtout vu la maigreur des sources littéraires, le parcours des mérovingiens, dynastie fondée par Clovis. L’historiographie les a souvent dépeints comme des rois fainéants et cruels (à l’exception de Dagobert bien sûr), vite expédiés dans les poubelles de l’histoire par les futurs carolingiens. Or, ils valent mieux que cela. Clovis a bien sûr réussi à conquérir la majeure partie de la Gaule romaine au détriment des Alamans et des Goths, sans oublier (surtout !) sa conversion au christianisme. Mais ses descendants (Clotaire Ier, Chilpéric Ier) se maintiennent avec talent durant le VIe siècle, malgré les partages successifs, en s’appuyant le cadre administratif légué par Rome, avec le soutien des aristocraties franque et gallo-romaine. Les mérovingiens s’imposent en Occident, en lien avec l’empereur de Byzance qui reprend pied au VIe siècle en Italie et en Espagne. Ce dernier est d’ailleurs toujours généreux financièrement avec les souverains mérovingiens, presque des clients en quelque somme de l’empire romain d’Orient.

La lente entrée dans le Moyen-âge

Si le VIe siècle est un moment de continuité avec l’ère romaine, bien des ruptures interviennent aux VIIe et VIIIe siècles. Les liens ave Byzance se distendent (des querelles religieuses n’arrangent pas les choses), le commerce méditerranéen s’affaiblit et la Gaule du nord prend de l’importance par rapport au Sud. L’expansion franque finit par s’interrompre sur les marges orientales ou vers l’Italie où s’imposent les Lombards. Surtout, les guerres intestines et les conflits entre maires du palais affaiblissent lentement la légitimité mérovingienne : on se passe par exemple de roi entre 737 et 743. Et c’est là que les Pippinides, futurs carolingiens, finissent par l’emporter.

Un bel ouvrage.

Sylvain Bonnet

Bruno Dumézil, L’Empire mérovingien, Passés composés, septembre 2023, 346 pages, 23 euros

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