L’île de Pâques en toutes lettres

Une île sans vie, à 3000 km de toute terre habitée, peuplée seulement d’immenses statues à demi enterrées. De grands visages qui regardent la mer. Même s’il semble qu’au moins un de ses mystères a été résolu, combien en reste-t-il à découvrir et combien de légendes autour de cette île ! Si les habitants, voyant leur univers se restreindre, font le sacrifice de leurs ressources pour édifier ces divinités protectrices et, espèrent-ils, source d’une future prospérité, ils sont sans doute à l’origine de leur propre extinction en sacrifiant leurs dernières ressources dans un ultime sacrifice édificatoire. Hors des ouvrages scientifiques, découvrez un florilège de romans et de récits inspirés par cette si étrange île !

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L’Ile de Pâques : Journal d’un aspirant de La Flore — Pierre Loti

[écrit en 1872, retranscrit et publié dans Reflets sur la sombre route en 1899]

Le 15 mars 1871, le jeune aspirant Julien Viaud [le vrai nom de Pierre Loti] embarque à Lorient sur le Vaudreuil, un aviso à hélice pour un long voyage dans les mers du sud. C’est sa première campagne. Il arrive le 11 octobre à Valparaiso qu’il quitte le19 décembre sur la frégate à voiles La Flore. Il aborde l’Île de Pâques le 3 janvier suivant pour une escale de quatre jours. C’est là que Julien naît à la littérature, en écrivant ce Journal d’un aspirant de La Flore accompagné de dessins.

Il est au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, oeuvres d’on ne sait qu’elle race aujourd’hui dégénérée ou disparue, et son passé demeure une énigme. J’y ai abordé jadis, dans ma prime jeunesse, sur une frégate à voiles par des journées de grand vent et de nuages obscurs ; il m’en est resté le souvenir d’un pays à moitié fantastique, d’une terre de rêve. Sur mes cahiers de petit aspirant de marine, j’avais noté au jour le jour mes impressions d alors, avec beaucoup d incohérence et d enfantillage. C’est ce journal d’enfant que j’ai traduit ci-dessous, en essayant de lui donner la précision qui lui faisait défaut. »

La Simarre, août 2016, 144 pages, 18 eur

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La Terre magnétique. Les errances de Rapa Nui, l’île de Pâques — Edouard et Sylvie Glissant

Ragots des marins, contes des visiteurs, exposés des ethnographes, confidences des amateurs, il y a un mystère de Rapa Nui, l’île de Pâques, opinion bruissant autour de la planète Terre, et quand on veut en noter plus, on certifie que le mystère tourne autour de ces statues, les moaï : comment ont-ils été fabriqués et transportés et maintenus, d’aussi invraisemblables masses, avec des moyens si rudimentaires ? C’est l’énigme des temples égyptiens ou des monuments incas qui recommence. Ils ne connaissaient même pas la roue. La question suffit en effet à nous rassurer : ce mystère pouvait être ramené à un problème technique, on finirait bien par trouver le procédé, l’explication apaisante. Tout était dans la masse de ces corps. L’allure de ces têtes hautaines, préparées pour le malaise et l’étonnement, nous maintenait là tranquilles au bord de l’incertain.

Le Seuil, octobre 2007, 128 pages, 17,20 eur

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