L’Île errante, tome 1

Couverture du manga « L'Île errante »Dans L’Île errante, Kenji Tsuruta raconte les aventures d’une jeune pilote d’hydravion à la recherche d’une île étrange et inconnue. Un manga subtil et léger sur le thème difficile du deuil.

 

À bord de son hydravion, Mikura Amelia assure les livraisons entre les îles éloignées de Tokyo. Plus qu’une simple pilote, elle assure un lien social entre les villages isolés et le Japon. Mikura a été élevée par son grand-père. Après son décès, elle hérite de sa maison. La jeune fille découvre alors d’innombrables carnets de notes. Et, parmi elles, un courrier destiné à une certaine « madame Amelia » sur l’île d’Electriciteit. Seulement, cette île n’existe pas. Ou plutôt, seuls quelques rares témoins affirment l’avoir vu apparaître quelques instants à l’horizon. Mikura prend la décision de retrouver l’île inconnue et de livrer l’inexplicable courrier…

 

Errance poétique

Ce qui frappe de prime abord dans L’Île errante, c’est l’ambiance dépeinte par Kenji Tsuruta. Tout ce premier tome baigne en effet dans une certaine langueur, un spleen poisseux renforcé par un soleil estival de plomb. Kenji Tsuruta prend son temps et multiplie les (splendides) planches où Mikura l’héroïne pilote se perd dans ses pensées, se plonge dans ses réflexions ou observe l’océan. Peu à peu, Tsuruta trace le portrait poétique et subtil d’une jeune femme calme et sensible. Et cette lente exploration de l’espace maritime de se lire comme la longue introspection d’une jeune fille et comme l’allégorie de son deuil.

 

Extrait du manga « L'Île errante »
Crédit : Kenji Tsuruta

 

Un dessin précis et subtil

L’Île errante fait aussi la part belle au voyage et à la découverte. Mikura explore les environs de l’archipel nippon à bord de son vieil hydravion. On pense au classique de l’animation Porco Rosso de Miyazaki, évidemment. Surtout qu’on retrouve chez Tsuruta cette même obsession pour les détails dans sa représentation des avions. Ou même, plus généralement, des paysages puisque l’artiste soigne particulièrement son dessin. Ses paysages de bord de mer débordent de détails, les babioles envahissent les intérieurs. Cette profusion contraste avec la simplicité vestimentaire de l’héroïne : sur 200 pages, Kenji Tsuruta dessine une jeune femme en simple bikini sans jamais l’érotiser. Un cas rare dans la bande dessinée japonaise. Ce premier tome de L’Île errante annonce une œuvre originale et précieuse.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

Kenji Tsuruta (scénariste et dessinateur), L’Île errante, tome 1, traduit du japonais par Géraldine Oudin, Ki-oon, collection Latitudes, septembre 2017, 192 pages, 15 euros

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