Stone Junction de Jim Dodge

Pas tout récent, le Stone Junction de Jim Dodge (1990) reste un de ces bouquins à part, que l’on conserve religieusement en compagnie d’autres reliques. Un de ces romans que l’on prend toujours autant de plaisir à feuilleter de temps à autre ou que l’on offre, l’oeil brillant, avec le ton assuré : « Tiens c’est cadeau, bon voyage. » Stone Junction, donc, ressorti il y a deux ans dans une réédition superbe, à la bonne odeur et cartonnée, préfacée en bonus par Thomas Pynchon, revient dans une version poche.
Son auteur, Jim Dodge, Californien dépassant les 70 berges, également poète mais modestement connu en France, n’est pas si prolifique, ayant seulement accouché de quatre ouvrages en autant de décennies. On lui doit notamment L’Oiseau Canadèche (1983) et sur les photos disponible, il semble être un gentil barbu.


En tout cas, l’ancien sait vous faire partir loin, là où vous n’avez pas forcément envie d’aller mais dont vous savourerez l’expérience. Son Stone Junction démarre avec jubilation dans les années 60 et un foyer pour jeunes filles de l’Iowa, lorsqu’Annalee, 16 ans, explose la mâchoire de soeur Bernadette, l’une des soeurs de la Sainte-Vierge qui l’enquiquine un peu trop avec ses questions sur sa jeune maternité. Le personnage d’Annalee vaut déjà son pesant de cacahuètes caramélisées mais c’est bien les aventures de son fils, Daniel Pearse, que nous allons suivre, lequel aimerait bien venger la mort de sa sacrée bonne mère.

un parcours initiatique

On ne va pas trop en dévoiler sur un roman qui mêle les genres. Partageons seulement qu’il suit le parcours initiatique de Daniel, adopté par l’AMO, une curieuse association historique et internationale regroupant des marginaux, anarchistes, braqueurs, alchimistes, créateurs de drogues ou magiciens. Daniel va se mettre à la méditation, devenir un as du poker, crocheter les serrures comme personne ou apprendre à simplement… disparaître. L’intrigue du livre se poursuit dans une mystérieuse quête d’un non moins mystérieux diamant, détenu par ces enfoirés du gouvernement. 

Palpitant, Stone Junction se révèle aussi dans ses fabuleux personnages et les qualités de conteur de Jim Dodge. Un roman d’aventure abouti, avec ses émotions, sa poésie et sa magie, qui devrait ravir les enfants devenus grands.

Jean-Charles Galiacy


Jim Dodge, Stone Junction, préface de Thomas Pynchon, traduit de l’anglais par Nicolas Richard, 10/18, novembre 2019, 696 pages, 9,90 eur

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