La chose, un classique du Fantastique

Une nouvelle qui a donné naissance à deux classiques du cinéma  

Voici une nouvelle parue en 1938 qui a donné la matière à deux versions cinématographiques devenues des classiques, l’une de Christian Nyby (et Howard Hawks) en 1951 et l’autre de John Carpenter en 1982 (oublions la prequel de 2011, peu originale). Son auteur, John W. Campbell, est plus connu comme éditeur. Il a ainsi contribué faire connaître Robert Heinlein, Isaac Asimov ou Theodore Sturgeon. Classé à droite, il a plus de difficultés dans les années soixante avec la génération montante : songeons à son refus d’éditer Nova de Samuel Delany à cause de la couleur de peau du héros… Un peu oubliée depuis quelques décennies, cette nouvelle a-t-elle bien vieilli ?    

Cauchemar en Antarctique  

Ça puait là-dedans. De la puanteur singulière, brassée, des casemates d’une base antarctique enfouies dans la glace, où se mêlaient les relents de sueur rance et l’arôme de friture de la graisse de phoque fondue. Une pointe de pommade combattait l’odeur de moisi des fourrures qu’imprégnaient la sueur et la neige.

Antarctique, 1938. Une équipe de scientifique américains retrouve un vaisseau spatial extraterrestre recouvert par la glace depuis des centaines de milliers d’années. À proximité, ils découvrent un corps gelé qui est tout sauf humain. Ils le ramènent dans sa gangue de glace et le laissent fondre afin de pratiquer une autopsie. Car il est bien mort, n’est-ce pas ? Pour Blair, le médecin, des doutes subsistent tellement cette créature semble différente de celles qui peuplent la Terre.

Et il a raison car elle se réveille et se réfugie dans l’enclos des chiens. L’équipe menée par McReady et Garry le brûle mais il est trop tard : douée de la faculté d’imiter les autres formes de vie, elle a infecté des chiens et peut-être des humains. Blair détruit les radios et les moyens de locomotion pour empêcher la chose de gagner des zones habitées. Un long huis-clos commence….    

Un vrai petit bijou  

Cette nouvelle, peu lue finalement depuis longtemps, se révèle très efficace. Petit à petit, on s’enferme avec ce petit groupe menacé par cette chose qui se révèle un ennemi diabolique. John Carpenter, pour son adaptation, s’est finalement montré assez fidèle, en ajoutant une dimension « lovecraftienne » toutefois assez présente : après tout Campbell était aussi le contemporain de l’auteur de Providence.

Il faut lire La Chose, un classique oublié qui mérite d’être réhabilité.  

Sylvain Bonnet  

John W. Campbell, La Chose, préface et traduction de Pierre-Paul Durastanti, Le Bélial, « Une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, novembre 2020, 130 pages, 9,90 eur

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