Johnny Halliday, l’acteur

On a tendance à l’oublier mais Johnny adorait le cinéma et fut acteur dans plusieurs films, débutant très jeune dans Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot. Sa dernière prestation fut devant la caméra de Claude Lelouch qui le connaissait bien. Johnny aimait parler du septième art et appréciait qu’on évoque avec lui son parcours de comédien. En hommage en forme de coup de chapeau, voici un florilège de questions posées… au travers des années. Avec toujours sa légendaire décontraction et son sourire qui faisait le Johnny touch.

 

Johnny Halliday, 11 ans, derrière Simone Signoret dans « Les Diaboliques » de Henri-Georges Clouzot (1955)

 

Les Diaboliques, cela évoque quel souvenir ?

Beaucoup de bonbons distribués par Véra Clouzot ! Nous étions une quarantaine de gamins pour former une classe et nous étions tous un peu turbulents. Tous ces mômes n’étaient pas comédiens et il y en avait beaucoup qui venaient de la rue. Donc à quarante nous faisions pas mal de bruit. Mais Véra Clouzot avait trouvé le truc : elle arrivait sur le plateau le matin avec d’énormes paquets de bonbons et en distribuait à tout le monde pour nous calmer. Et ça marchait !

 

Comment avez-vous décroché ce petit rôle ?

J’avais lu une annonce dans le journal comme ils avaient besoin de mômes entre douze et quatorze ans. Comme j’avais treize ans, j’ai été me présenter au casting et ils m’ont choisi parmi d’autres. À l’époque, je ne comptais par du tout faire le métier de chanteur, ça s’est fait tout à fait par hasard. Je jouais de la guitare, j’avais fait deux ans de Conservatoire à Genève et la musique me plaisait beaucoup mais je ne comptais pas du tout en faire un métier. À quatorze ans, j’ai pris des cours d’art dramatique à la rue Blanche, chez Mary Marquet. Mais c’étaient des cours payants et, comme je suis issu d’une famille modeste, je n’avais pas d’argent. Alors, j’ai monté un groupe en hommage à Elvis Presley – auparavant, je chantais les chansons de Brassens, ce qui n’avait rien à voir. C’était un groupe très amateur avec Jacques Dutronc à la guitare. Nous avons été nous présenter au dancing du Moulin Rouge, place Blanche, et nous avons été engagés pour faire danser les mômes le samedi et le dimanche. Cela nous faisait un peu d’argent. Et puis un jour on m’a demandé d’écrire des musiques, puis j’ai passé des auditions aux disques Vogue et j’ai été engagé. Mais tout cela, au départ, c’était pour payer mes cours, et je ne croyais pas trop en mon avenir de chanteur parce que je n’avais pas ça dans la peau. Le déclic a été que mon premier disque a marché et je me suis retrouvé chanteur !

 

Un film comme Jean-Philippe vous a-t-il fait réfléchir sur votre propre parcours ?

J’aurais pu ne jamais devenir Johnny Hallyday. Quand j’ai commencé dans la vie, je voulais être comédien, pas chanteur. Je prenais des cours d’art dramatique à la rue Blanche et, par hasard, j’ai commencé à faire de la musique. Le fameux truc qui a déclenché c’est ma participation à l’émission Paris Cocktail, en 1959, qui a provoqué mon engagement chez Vogue et mon premier disque. C’est à ce moment que je suis devenu Johnny Hallyday. Le sujet du film est que si je n’avais pas fait ce Paris Cocktail, est-ce que Jean-Philippe Smet serait devenu Johnny Hallyday ? C’est un film qui est fait là-dessus. Il n’y a rien à dire d’autre.

 

Que seriez-vous devenu si vous n’aviez pas fait Paris Cocktail ?

Vraisemblablement, je ne me serais pas retrouvé devant vous aujourd’hui.

 

D’où vient la vieille photo que l’on voit dans L’Homme du train ?

On cherchait une vieille photo de moi à cheval et on n’en a pas trouvé. J’avais fait un western en Italie quand j’étais plus jeune mais avec le chapeau et la barbe ça faisait trop western. Un jour, Patrice vient chez moi et, sur mon bureau, voit une photo de moi sur un cheval. Je lui explique que c’est un truc pris à la mer de sable d’Ermenonville chez Jean Richard. Il m’a dit « C’est exactement ce qu’il nous faut ». Et il a ajouté l’anecdote de Jean Richard dans le film.

 

Pascal Légitimus et Johnny Halliday dans « Quartier VIP » de Laurent Firode (2005)

 

Portez-vous des pantoufles comme dans ce film ?

Non. J’en ai mis pour la première fois de ma vie pour ce film. Je ne me vois pas avec des pantoufles ; chez moi, je suis plutôt pieds nus. Par contre, les pantoufles c’est confortable, j’y pense depuis que j’en ai essayées !

 

Mieux que les santiags ?

Ça fait bien longtemps que je ne mets plus de santiags !

 

Y a-t-il un rôle que vous auriez aimé interpréter ?

J’aurais adoré jouer Piège de cristal, le rôle de Bruce Willis. Il y a de l’action mais il y a toujours une petite pointe d’humour pour faire passer le tout. Je trouve que l’on peut faire un film très dur si l’on y glisse un peu d’humour.

 

Le spectateur Johnny, quels sont ses films de référence ?

Reservoir Dogs, Il était une fois l’Amérique, Taxi Driver, Les Affranchis – deux longs métrages de Scorsese ! – et aussi Léon. J’adore le cinéma comme Eddy Mitchell ; je ne vais pas chercher midi à quatorze heures, je veux un film avec un début, un milieu et une fin. Je veux voir une histoire. Ça me plait ou ça ne me plaît pas mais je m’arrête là, je n’essaie pas d’analyser. Je ne cherche pas à me demander ce que les auteurs ont bien pu vouloir dire. Pour moi la magie du cinéma c’est de passer une heure et demie à prendre du plaisir. Parfois je passe une heure et demie à me faire chier.

 

Avez-vous le temps d’aller au cinéma ?

J’ai une très belle salle de cinéma DVD chez moi. C’est un luxe que je me suis offert, décorée comme une salle des années 50 avec de vieilles affiches. L’avantage du DVD c’est qu’on peut commander certains films aux États-Unis avant leur sortie en salles en France. C’est illégal mais je les commande quand même. Et puis j’aime bien voir les films américains avec les vraies voix des acteurs. En général, je les vois une première fois en anglais puis je les repasse en français.

 

Johnny Hallyday avec Claude Lelouch sur le tournage de « Salaud, on t’aime » (2014)

 

Sur quels critères sélectionnez-vous vos films ?

D’abord il faut que j’aime bien le metteur en scène parce que c’est un peu un bout de vie que nous faisons ensemble. Et puis il faut que le scénario me plaise. Un bon metteur en scène avec un mauvais scénario donnera toujours un mauvais film tout comme un bon scénario avec un mauvais metteur en scène.

 

Comment préparez-vous vos rôles ?

En général, j’essaie de faire mon petit pot au feu à moi et, ensuite, j’en parle au metteur en scène. Il ne refuse pas mes idées ; simplement si je m’égare un peu trop de la direction générale, il se permet de rectifier mon tir. Un metteur en scène, son boulot c’est de mettre l’acteur dans le droit chemin. Souvent, les acteurs ont tendance à en faire trop et je crois que, au cinéma, moins on en fait meilleur on est. Par contre au théâtre, il faut en faire beaucoup plus qu’au cinéma parce qu’il faut être vu par tous les gens de la salle.

 

Êtes-vous un acteur malléable ?

Oui, parce que j’ai énormément confiance dans le metteur en scène. C’est-à-dire que j’aime bien aller dans l’idée que je me suis faite du personnage mais j’ai besoin de répondre aux attentes du metteur en scène. Je n’ai jamais eu de problème avec mes metteurs en scène, même pas avec un qui est réputé difficile : Jean-Luc Godard. En fait, Godard vous laisse faire ce que vous voulez. Il dit « Oui, oui, c’est très bien, fait comme tu veux ». Lui ne vous donne aucune directive.

 

Quelle est la difficulté du métier d’acteur ?

Surmonter ses pudeurs. On a tous des pudeurs dans ce métier : la peur d’être ridicule, la peur d’en faire trop.

 

En tant qu’acteur, avez-vous tendance à improviser ?

Oui, parce qu’on imprègne toujours le rôle de sa propre personnalité. Un rôle, on y pense avant, on essaye de lui trouver des particularités, dans la façon de marcher du personnage, etc. Et tout cela ce n’est pas le metteur en scène qui va vous le dire, c’est à vous de le trouver. Vous lisez le scénario plusieurs fois et vous essayez de trouver quelque chose.

 

Jean Rochefort et Johnny Hallyday dans « L’Homme du train » de Patrice Leconte (2002)

 

Comment vivez-vous les moments d’attente sur un tournage ?

Il y a des films où on attend beaucoup. Ceux où on attend le plus sont les films d’action car il faut le temps que tout le monde se mette en place. Dans le film de Patrice Leconte [L’Homme du train], j’avais une loge au premier étage de la maison où nous tournions. Mais je commençais à peine à me servir un café, qu’on venait me chercher pour tourner une nouvelle scène. Je disais : « Mais vous allez trop vite ».

 

Pourquoi n’avoir pas fait plus de cinéma ?

Au début, à l’écran, on a voulu plus m’utiliser comme chanteur que comme acteur. On a essayé de me lancer comme l’équivalent français d’Elvis Presley mais ça n’a jamais vraiment fonctionné parce que les films n’étaient ni crédibles ni très bons. Il a fallu que j’attende longtemps pour faire le genre de films que je voulais vraiment… Le cinéma, je n’ai jamais cessé d’y penser. J’en ai fait et j’ai arrêté, volontairement d’en faire parce que, dans tous les rôles qu’on me proposait, on se servait du personnage Johnny Hallyday. Moi, je voulais être acteur, c’est-à-dire jouer ce que je ne suis pas, changer de gueule, changer de peau. Le problème c’était : comment recommencer comme si c’était la première fois, en faisant oublier le personnage que je suis à la scène ou dans les journaux. Ce n’était pas évident…

 

Godard, c’était évident ?

Avec Godard, j’étais sûr de ne pas faire le film que les gens attendaient de moi… Quand il me l’a proposé, j’ai un peu hésité parce que j’avais le spectacle du Zénith à préparer. Le producteur, Alain Sarde, a insisté, il m’a dit qu’un film avec Godard, ça ne se refusait pas. Il avait raison, et j’ai accepté très vite. En fait, je me suis surpris à dire oui sans avoir vraiment réfléchi, un peu comme si je n’attendais que ça.

 

N’avez-vous pas envie de mettre en scène un film ?

Pour l’instant, ça ne m’est pas venu à l’idée. Si un jour j’essayais de me lancer dans la réalisation, je crois que je renoncerais à jouer dans ce film. Ce doit être très difficile de diriger et d’y jouer en même temps. J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui arrivent à le faire.

 

Quel genre de films réaliseriez-vous ?

Des films durs ! Pas uniquement des polars mais plutôt des mélanges de polars et de films psychologiques. Le genre de films que j’aime bien c’est du style Sang chaud pour meurtre de sang-froid qui est très inspiré d’Hitchcock. J’aime aussi beaucoup des films comme Les Nerfs à vif avec une étonnante performance d’acteur de la part de De Niro.

 

Quel effet cela fait de jouer face à Jean Rochefort ?

C’est très intimidant de se retrouver face à un acteur que l’on voit sur les écrans depuis que l’on est petit. J’ai vu une très grande partie de ses films et ça m’impressionnait. Le premier jour, je me suis dit : « Il faut que j’apprenne vraiment bien mon texte car si je me trompe il va se moquer de moi ». Et, finalement, c’est lui qui s’est trompé le premier. Ça m’a rassuré. Rapidement on a oublié qu’on était acteur et c’est devenu un voyage humain… C’est quelqu’un de très drôle. J’ai énormément ri avec lui. Le premier jour de tournage, il est venu vers moi et, sur un ton inquiet, il m’a dit : « On va rire, hein ? ». Ça m’a traumatisé. Je me demandais si je devais me forcer pour rire ou faire rire. J’essayais de trouver des trucs drôles mais les choses sont venues naturellement. Lui, il crie, il fait le singe. Il le fait très bien, ce qui est inquiétant d’ailleurs.

 

Fabrice Lucchini et Johnny Halliday dans « Jean Philippe », le film de Laurent Tuel (2006)

 

Comment s’est passée la rencontre avec Fabrice Luchini ?

J’avais été le voir dans Knock, il m’a épaté, vraiment. Depuis, je lui ai promis que j’allais travailler Céline et Molière !… Pour parler de ce film, nous sommes retrouvés dans un restaurant où nous avons bu quelques coups de rouge. Il est monté sur la table et a empoigné une bouteille comme un micro. Il s’est mis à chanter Noir c’est noir, Ma gueule, etc. J’étais de plus en plus convaincu que ça ne pouvait être que lui pour le rôle. Il m’a montré qu’il pouvait jouer avec délicatesse. Alors, après qu’il ait dit non au scénario, on m’a proposé des tas de comédiens formidables, de renom – je ne dirais pas les noms parce que je ne veux pas leur porter préjudice – mais je n’étais pas d’accord. Pour moi c’était Fabrice.

 

Vous le connaissiez avant le tournage ?

Je le connais depuis très longtemps. On a tourné ensemble un de ses premiers films, Conseil de famille, où il jouait le rôle d’un avocat véreux. Je l’avais trouvé tellement à contretemps par rapport à ce que peut être un avocat, que je l’ai trouvé formidable. J’avais gardé une intense admiration pour lui. Ça a pris quelques années avant qu’on ne se revoit. Heureusement les années sont courtes quand l’amitié s’impose.

 

Vous avez été à l’affiche de Paparazzi. On vous y voit donner un coup de boule à l’un de ces voleurs d’images…

Non, non, je ne donne pas de coup de boule. Au départ, je l’agresse un peu, d’accord, mais, après, je lui dis : « Passe une bonne journée » en lui tapant sur l’épaule. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai tourné. Sinon, je ne l’aurais pas fait, malgré mon amitié pour Vincent Lindon.

 

Johnny Hallyday dans “Le spécialiste” de Sergio Corbucci (1969)

 

Ça veut dire que vous n’êtes pas l’ennemi des paparazzi ? 

Je suis plutôt pote avec eux, effectivement. Et j’ai d’excellents rapports avec certains. Je trouve d’ailleurs que le film est un exagéré. On n’achète pas tout le monde avec des biftons de cinq cent balles ! Et puis, on fait un métier public, il y a forcément un petit revers à la médaille. Moi, j’ai parfois envie d’être peinard et je ne raffole pas qu’on m’agresse à la sortie d’une virée nocturne. Mais c’est le public qui me nourrit. Je lui appartiens un peu.

 

On dit que vous gérez assez subtilement votre presse ?

J’ai d’assez bons rapports avec elle, en effet et, en tout cas, aucune hostilité, à part contre un hebdo vraiment nase qui, de semaine en semaine, alterne l’assassinat en règle et le fayotage intégral.

 

Dans la vie, êtes-vous à l’écoute des autres ?

Je crois que c’est important d’écouter les autres. Les autres ont souvent des choses beaucoup plus intéressantes à dire que soi-même et on apprend beaucoup à leur contact. On a souvent dit que je devais être un peu con parce que je ne parle pas beaucoup mais c’est parce que j’écoute beaucoup. C’est mieux d’écouter les autres que de dire des banalités. Il y a beaucoup de gens qui disent des banalités mais il y a toujours quelque chose au milieu de ça qui se révèle quand même intéressant.

 

Avez-vous le trac ?

Je suis très traqueur. Quand on fait quelque chose qu’on aime, on a toujours peur de mal le faire. Je suis malade avant de monter sur scène. Je retarde toujours le moment d’y aller mais une fois que j’y suis il y a quelque chose qui se passe et j’oublie le trac. Il y a des gens en face de moi qui m’aiment et j’ai envie de leur donner ce qu’ils attendent. J’ai toujours trouvé extraordinaires les gens qui n’ont peur de rien, qui sont sûrs d’eux. Je ne sais pas comment ils sont faits à l’intérieur mais moi je suis tout le contraire, je suis très fragile.

 

Est-ce le même trac au cinéma ?

Pas tout à fait mais ils sont puissants tous les deux. La trouille sur scène c’est d’oublier les paroles, craindre un incident technique, la trouille au cinéma c’est de se dire que sur grand écran on voit tous les défauts. Au cinéma, je suis tellement traqueur que le jour du tournage d’un gros plan, je vais avoir un bouton de fièvre qui va pousser sur la lèvre. Ou alors j’ai une allergie dans l’œil qui le rend rouge. Avant de tourner un film, je me demande toujours comment je vais m’en sortir.

 

je ne me suis jamais pris pour une légende parce que je ne me suis jamais pris au sérieux »

 

Aimez-vous la poésie ?

Ça dépend par qui c’est écrit. Dans la chanson j’essaie d’aller de plus en plus vers des textes plus intéressants et plus touchants. Avant je faisais surtout attention à la musique mais maintenant j’écoute d’abord le texte.

 

Comment expliquez-vous ce changement ?

Je crois que le fait d’avoir fait des films m’a plus donné le sens du texte.

 

Quelle est votre philosophie de la vie ?

On a tous un destin. Il faut laisser les gens faire ce qu’ils ont envie de faire. Moi quand j’étais petit, on a voulu absolument que je joue du violon. Alors on m’a donné des leçons et j’ai détesté ça. J’en sortais des sons épouvantables, on aurait dit un chat qu’on égorge. Un jour, sans le dire à personne, j’ai troqué le violon contre une guitare et ça a été très bien pour les oreilles de tout le monde.

 

Avez-vous été attiré par une autre vie que la vôtre ?

J’ai voulu faire tellement de choses que je n’ai pas faites. J’ai voulu être coureur automobile, je voulais être acteur avant d’être chanteur. Par contre je n’ai jamais rêvé d’être professeur de français. Je ne suis pas intellectuel dans le sens faire des études donc j’ai plutôt rêvé à des métiers physiques. Quoique jouer la comédie nécessite une concentration assez intellectuelle. Mais la passion de ma vie ce n’était pas de faire autre chose qu’un métier artistique.

 

Pourquoi ?

Parce que j’ai grandi dans ce milieu-là. J’ai été élevé par des danseurs qui m’ont fait voyager dans l’Europe entière dès mon plus jeune âge. Comme j’étais toujours en tournée avec eux, je n’ai jamais été à l’école et je suivais des cours par correspondance pour les enfants d’artistes. J’ai vécu cette vie de saltimbanque jusqu’à l’âge de quinze ans et demi, âge où j’ai commencé à voler de mes propres ailes.

 

Comment envisagez-vous la vieillesse ?

Ça me traumatise. À force de me parler de vieillesse, je vais me sentir très vieux… La vieillesse c’est ce qu’on a dans le crâne et dans le cœur. Je connais des gens de trente ans qui sont plus vieux que des gens de soixante ans. L’âge n’a rien à voir avec ça. Jean Rochefort est un jeune homme : plus il vieillit, plus il retombe en enfance.

 

Appréciez-vous la solitude ?

Pour moi la solitude est quelque chose qui se vit à deux. Mes plus beaux moments de solitude sont ceux que je vis de manière paisible avec ma femme. Vivre entièrement seul, j’aurais du mal. Sinon j’aime la solitude sur un bateau, pouvoir aller où je veux. La mer c’est comme un désert de sable. Quand j’ai fait le Paris-Dakar, je me suis rendu compte qu’il n’y a pas deux dunes pareilles. Il y a les franchissables et les infranchissables, je l’ai appris à mes dépens, à grands coups de pelletés de sable.

 

Pourriez-vous vivre sans musique ?

Non, ce serait triste une vie sans musique.

 

Êtes-vous une légende ?

Non, je ne me suis jamais pris pour une légende parce que je ne me suis jamais pris au sérieux. Je ne suis pas une idole. Je me lève tous les matins comme tout le monde, je me lave les dents, j’ai mal à la tête, je suis un homme normal. Je n’ai rien d’une star absolue, je suis un homme simple… avec petite Jade qui est la plus belle chose au monde ; le reste je m’en fous.

 

 

Propos recueillis par Philippe Durant

extrait de

Philippe Durant Johnny Cinema, Favre, février 2010, 202 pages, 17,75 euros

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