Les Egéries de la révolution

Un singulier couple d’auteurs

Le grand public et des générations d’étudiants de la Sorbonne connaissent Jean Tulard, auteur de nombreux ouvrages sur la Révolution et l’Empire. Son épouse Marie-José l’est par contre moins : après avoir été haut fonctionnaire, elle a été avocate et a publié des ouvrages sur la décentralisation. Tous deux ont publié Napoléon et quarante millions de sujets (Tallandier, 2014) qui se proposait de revenir sur le sujet de la centralisation napoléonienne, objet de bien des fantasmes depuis deux siècles. Ils proposent ici Les Egéries de la Révolution, un ouvrage présentant des portraits de femmes de la période.

Des femmes et la Révolution

Loin d’une étude comme celle proposée récemment par Christine Le Bozec, Les Egéries de la Révolution nous invitent à découvrir le parcours d’actrices de cette période. Il n’y a pas que des noms célèbres. Ainsi le grand public peut ici découvrir des femmes comme Pauline Léon ou Reine Audu, issues de milieux populaires, qu’on retrouve à la tête d’évènements comme les journées des 4 et 5 octobre 1789 qui voient le peuple parisien ramener le Roi et sa famille de force à Paris, où de l’assaut des Tuileries le 10 août 1789. Le portrait de Théroigne de Méricourt, véritable féministe avant l’heure et intellectuelle n’hésitant pas à argumenter face aux députés, est assez fascinant. Si la Révolution fut masculine, les femmes furent aussi très présentes. Ces années furent aussi un bouillonnement d’idées dont notre société est sortie.

Des égéries ?

Le mot peut paraître fort et choquera certaines féministes. Pour les auteurs, les femmes de ce temps n’avaient pas le choix. Exclues peu ou prou de la sphère politique, elles ne pouvaient qu’influencer à distance, dans les salons par exemple. Ce fut par exemple le choix de madame de Staël, fille de Necker, qui chercha au début et à la fin de la Révolution à avoir prise sur les évènements, sans succès. Ou celui de madame Roland, femme de tête, très intelligente et très belle, qui fut une des chevilles ouvrières des Girondins. On peut contester cette vision mais reste que ces femmes marquèrent la période.

Terminons en mentionnant les merveilleuses du Directoire : Theresa Cabarrus qui enflamma le terroriste Tallien et fut surnommé « Notre-Dame de Thermidor », et Joséphine de Beauharnais, la belle créole qui fut aussi la vraie partenaire politique de Napoléon.

Voilà une belle galerie que les époux Tulard nous font découvrir avec talent.

Sylvain Bonnet

Jean et Marie-José Tulard, Les Egéries de la Révolution, Robert Laffont, mai 2019, 360 pages, 20,50 eur

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