L’exposition universelle de 1867, un évènement oublié

On a oublié à quel point les expositions universelles étaient des évènements sans pareil au XIXe siècle, l’occasion aussi pour des états de montrer leur prestige et leur puissance. Cet ouvrage d’Édouard Vasseur, tiré de sa thèse de doctorat, vient montrer l’impact de celle qui se déroula à Paris en 1867.

Une occasion unique

L’exposition universelle de 1867 se déroule à Paris, capitale du second empire de Napoléon III. Ce souverain, très moderne dans ses idées, y voit une double opportunité : c’est d’abord l’occasion de vanter la qualité des produits français face à ceux proposés par la Grande-Bretagne ou la Prusse. Et c’est évidemment de montrer la puissance du régime. Il s’agit donc d’organiser de façon impeccable cette exposition. Il en confie donc le soin à son cousin Napoléon Jérôme, toujours fantasque, puis à Frédéric le Play. Et c’est globalement réussi. Il n’y a pas de retard, les pavillons sont construits (et ensuite démolis) dans le calendrier prévu. Paris en 1867 devient le centre du monde connu, il y a 52 exposants et des milliers de visiteurs chaque jour dont l’empereur de Russie ou celui d’Autriche.

Un ciel lourd de menaces

Napoléon III a bien besoin de cette grande fête pour redorer son blason car il vient d’encaisser plusieurs échecs successifs qui menacent la position internationale de la France. L’expédition du Mexique a tourné au fiasco le plus total et l’évacuation des troupes françaises a accéléré la chute du régime de Maximilien d’Autriche dont on apprend l’exécution durant l’exposition. La guerre franco-prussienne a vu la victoire de Berlin à Sadowa, avec la complicité française mais Napoléon III, berné par Bismarck, n’a rien reçu en échange. Il a même échoué dans son projet d’achat du Luxembourg au roi des Pays-Bas, provoquant une levée de boucliers dans toute l’Allemagne. Enfin, le souverain s’épuise face aux députés du corps législatif afin de faire voter la loi Niel afin d’accroître les effectifs mobilisables de l’armée française. Car il est persuadé (à raison) que la guerre avec la Prusse est proche et que, de surcroit, l’armée française n’est pas prête. Les canons Krupp qu’on découvre durant l’exposition font d’ailleurs froid dans le dos de nombre d’observateurs…

L’exposition universelle de 1867 d’Édouard Vasseur est un très bon ouvrage qui restitue à merveille l’ambiance de cet évènement.

Sylvain Bonnet

Édouard Vasseur, L’exposition universelle de 1867, Perrin, février 2023, 368 pages, 24 euros

Laisser un commentaire