Atlas historique de la Russie, un empire plusieurs fois ressuscité
Un trio de spécialistes
Depuis le début de la guerre en Ukraine début 2022, la Russie suscite inquiétude, angoisse ou, pour une minorité, admiration. C’est l’occasion pour les éditions autrement de rééditer cet atlas historique de la Russie, d’Ivan III à Poutine selon le sous-titre. Il est dû aux plumes conjuguées de François-Xavier Nérard et surtout de Marie-Pierre Rey, professeure d’histoire russe et soviétique et auteure de nombreuses ouvrages dont une excellente biographie d’Alexandre Ier (Flammarion, 2009). Signalons aussi l’apport du cartographe Cyril Suss.
Une puissance impériale en expansion constante ?
Il est frappant de constater que la Russie, née de la Moscovie, partie la plus fruste de l’ancienne Rus de Kiev, n’a jamais cessé jusqu’en 1917 (voire au-delà) d’être en continuelle expansion. Vers l’est, cela a donné l’exploration de la Sibérie et la conquête de territoires sur la Chine. Vers l’Asie centrale également (annexion de l’actuel Kazakhstan) et le Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) et bien sûr à l’Ouest avec la conquête des actuels pays Baltes après la victoire contre la Suède sans compter les territoires issus de l’ancien royaume de Pologne et bien sûr la Crimée, conquise dans les années 1780. Les cartes donnent le vertige devant un tel empire aux dimensions continentales. Il englobe des populations très diverses culturellement et religieusement, même si Moscou s’appuie sur le peuple russe et la religion orthodoxe. La révolution de 1917 a marqué la fin de l’empire des tsars… et la naissance d’un nouvel empire, celui de l’URSS, appuyé sur l’idéologie communiste.
Nostalgie impériale et retour de la menace
L’URSS, superpuissance dotée de l’arme nucléaire, fit jeu égal avec les Etats-Unis en s’appuyant sur les pays du pacte de Varsovie. Mais les difficultés économiques, l’échec militaire en Afghanistan et le retard technologique précipitèrent au terme de la perestroïka la chute de l’union soviétique en décembre 1991. Les années 1990 furent chaotiques, marquées par la baisse du niveau de vie, les privatisations, l’enrichissement de quelques-uns (les fameux oligarques) et aussi un véritable pluralisme politique qui prend fin avec l’arrivée de Poutine au pouvoir. S’appuyant sur la hausse des prix du pétrole, Poutine restaure l’Etat, fait rentrer les impôts, met fin aussi à la démocratisation et essaie de renouer avec la grandeur passée. A quel prix ? Celui des morts d’Ukraine ?
Un bon atlas qui dresse le bilan des transformations économiques et géopolitiques de la Russie.
Sylvain Bonnet
François-Xavier Nérard & Marie-Pierre Rey & Cyrille Suss, Atlas historique de la Russie, autrement, février 2024, 96 pages, 24 euros