La Nef des fous, journal de bord de l’effondrement

Quand il est facétieux, Michel Onfray est vraiment très mordant. Il construit dans La Nef des fous un album de l’année 2020 en pointant au jour le jour les éléments marquants d’une décadence déjà établie. La faute à ?

Le camp du Bien

Pour apprécier ce voyage d’une année dans les faits d’actualité, il ne faut pass être dans la bien-pensance ni islamo-gauchiste compatible. C’est la cible favorite de Michel Onfray, le camp du bien, surtout quand il est payé par les impôts de tous pour ne donner qu’une doctrine. Gageons qu’il ne sera toujours pas invité sur France Inter après la nommer Radio-Paris… D’ailleurs, les références à l’Occupation et, corollaire, à la collaboration, sont nombreuses. Ceux qui prônent l’avènement de la culture qui les effacera paieront dans les livres d’histoire — sauf si Elon Musk et les autres progressistes de ce genre gagnent la guerre contre l’humanité : plus de livre, plus d’histoire, plus même de lecteurs…

Ceux qui s’opposent un temps doivent vite ployer le genou, le mettre en terre, s’allonger, et se vautrer dans la résipiscence la plus sincère pour espérer être des dhimmis.

Onfray a ses têtes, sur lesquelles il tire vaille que vaille. Des politiques (Emmanuel Macron, Sibeth Ndiaye, Jean-Luc Mélenchon), des penseurs (BHL, André Comte-Sponville), des journalistes (Léa Salamé, Patrick Cohen), et tous les humains qui au quotidien montre leur immense lâcheté face à ce qui revient comme la véritable menace : l’islamisme radical. Onfray égrène les attentats perpétrés au cri d’Allah akbar et les réponses de déni qui deviennent farce.

Du grand décervelage

En complément de cette accaparement de la pensée autorisée, et, tout est fait pour rendre les gens idiots. Et Michel Onfray étrenne les exemples des effets réels, des américains qui organisent dans une crèche des fight de bébés aux nombreuses et inénarrables citations de Sibeth Ndiaye ! On retrouve le sel d’un ouvrage comme Endoctrinement, où Marie Limès alignait les captures d’écran pour montrer les rouages d’une machine bien huilée.

La haine de soi

Michel Onfray regarde le monde et, avec beaucoup d’humour, rappelle qu’il avance sur les terres déjà balisées par Orwell, Huxley et les autres. Et si l’on sait que la mort de notre civilisation est pour lui une chose acquise, il trouve dans cet exercice de quoi se tenir droit. Car au lieu de se lamenter, il assiste à son agonie de la plus belle manière qui soit : en riant !

Loïc Di Stefano

Michel Onfray, La Nef des fous, des nouvelles du Bas-Empire, J’ai lu, janvier 2022, 252 pages, 8 euros

Laisser un commentaire