La Corse une autonomie en question : une île finalement française ?
Professeur émérite des universités, auteur de biographies remarquées comme celle consacré à Pozzo di Borgo (Payot, 2016) ou plus récemment au père de Napoléon, Charles Bonaparte (Passés composés, 2023), Michel Vergé-Franceschi est un éminent spécialiste de l’histoire de la Corse. Il a publié au printemps 2024 un court essai sur l’autonomie de la Corse, suite à une intervention d’Emmanuel Macron, et au rapport des corses à la France.
Singularité corse
Ici, Michel Vergé-Franceschi réagit avec un peu de vigueur (voire d’énervement). Très loin des indépendantistes, il souligne que la Corse n’est pas un territoire d’Outre-Mer ou une ancienne colonie. Elle est une île et souffre de son insularité, tant au niveau des services publics que de ses infrastructures. Notre historien la compare à d’autres îles conquises par la France aux XVIe et XVIIe siècles, sortes de points avancés du Royaume sur l’océan. Peu peuplée, la Corse a besoin d’être partie d’un plus grand pays.
Le rapport à la France
La relation à la France remonte bien avant la prise de l’île par les troupes de Louis XV. Elle est régulièrement occupée à la Renaissance et pratiquement annexée par Henri II avant qu’il ne rende l’île lors de la paix de Cateau-Cambrésis en 1559. De nombreux corses s’engagent dans l’armée royale, Jean-Baptiste d’Ornano est même maréchal de France sous Louis XIII. La Corse est vraiment devenue française sous la Révolution, de nombreux corses émigrant en métropole ou dans certaines colonies comme l’Algérie. Rappelons que 13 000 corses sont morts durant la grande guerre et que l’île a été effectivement le premier territoire libéré en 1943. La sauvegarde de la langue corse peut largement se faire dans le cadre de la République, à condition que la jeunesse pratique cette langue… Un essai roboratif et très stimulant qu’on ne peut que recommander
Sylvain Bonnet
Michel Vergé-Franceschi, La Corse une autonomie en question, passés composés, mars 2024, 160 pages, 17 euros