Moi j’irai dans la lune et autres innocentines – Une madeleine de Proust

« Poèmes pour enfants et quelques adultes », voici ce que l’on peut lire sur la quatrième de couverture. Et c’est effectivement avec un grand plaisir qu’enfants et parents peuvent lire ensemble cette réédition de Moi j’irai dans la lune et autres innocentines de René de Obaldia illustrée par Emmanuelle Houdart. Une madeleine de Proust pour des générations d’écoliers.

 

« L’absurde est plus sérieux que la raison »

 

C’est en 1969 que René de Obaldia publiait pour la première fois ses facétieuses Innocentines et en 1998 qu’Emmanuelle Houdart illustrait pour Grasset-Jeunesse une sélection de ces mêmes poèmes dans Moi j’irai dans la lune et autres innocentines. Seize poèmes et illustrations au goût d’enfance. Un peu comme un bonbon arlequin : acidulés, drôles et délicieux. Un goût inoubliable qui nous renvoie 25 ans en arrière lorsque l’on récitait devant la classe Le Secret achevant notre récitation par « René de Obaldia ». On ne peut donc que remercier Grasset-Jeunesse pour cette réédition. Les illustrations d’Emmanuelle Houdart n’ont pas pris une ride et ne sont pas sans nous rappeler l’univers de Lewis Caroll et d’Alice au pays des merveilles. Les thèmes et les couleurs, légèrement passées, ont le charme de l’enfance.

 

« L’humour, une surabondance de gravité »

 

C’est également l’occasion pour ceux qui ne le connaissent pas d’entrer dans le monde surréaliste de René de Obaldia, un personnage aussi extraordinaire que ses poèmes. Né à Hong Kong d’un père panaméen et d’une mère française, prisonnier dans un stalag pendant la Seconde Guerre mondiale, René de Obaldia est un touche à tout. S’il est connu pour ses poèmes et ses pièces de théâtre, il a également été le parolier de Luis Mariano et le partenaire de Louis Jouvet dans Une histoire d’amour de Guy Lefranc. Espiègle, il a toujours user de l’humour même dans les périodes les plus sombres de sa vie.

 

L’avis de Tom, haut comme quatre pommes

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Lire de la poésie à un enfant de quatre ans et demi est un défi que je n’avais pas encore relevé jusqu’ici. Problème de vocabulaire, de compréhension, la poésie semble de prime abord un style littéraire peu abordable pour le public jeunesse. Mais les poèmes de René de Obaldia sont parfaits pour une initiation à la poésie et à la rime. , Ces poèmes ont fait rire Tom par leur sonorité et leur rythme. Dimanche l’a particulièrement fait rire :

Charlotte,

fait de la compote.

Bertrand,

Suce des harengs

Cunégonde,

se teint en blonde.

Epaminondas,

Cire ses godasses…

Et ne parlons pas du Zizi perpétuel (moyenne section de Maternelle, que voulez-vous !) Pour finir, nous avons fait des rimes pour rire, à la Obaldia : Spaghetti, ça rime avec … mamie.

 

Moi j’irai dans la lune et autres innocentines est un petit peu de bonheur et de poésie dans un monde de brutes.

 

Clio Baudonivie

 

René de Obaldia (texte) et Emmanuelle Houdart (Illustrations), Moi j’irai dans la lune et autres innocentines, Grasset-Jeunesse, septembre 2017, 10 euros

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