Le trésor des rois, la vraie richesse des monarques
Une historienne du pouvoir au Moyen-âge
Maitresse de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, Murielle Gaude-Ferragu effectue des recherches sur le pouvoir et ses représentations au Moyen-âge. Elle a publié D’or et de cendres, la mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen-âge (Presses du Septentrion, mars 2020) et La reine au Moyen-âge – France XIVe-XVe siècle (Tallandier, 2014). Elle a publié au printemps un ouvrage, Le trésor des rois, où elle se propose d’analyser les liens entre sacré et royauté (le sous-titre du livre est d’ailleurs éloquent).
Le mystère de la sacralité des rois
Il ne s’agit pas ici d’une étude de numismatique sur le monnayage royal (même si l’or joue un rôle important). Murielle Gaude-Ferragu utilise ici la notion de trésor dans un sens large, lorgnant vers le sacré. Il y a en effet les monnaies, les objets précieux, les bijoux dans ce trésor royal, transmis de père en fils, mais il y a aussi reliques et reliquaires. Les rois de France ont en effet accumulé un grand nombre de reliques de saints, voire de Jésus et de la Vierge, parfois en les achetant et parfois en les prenant de force : à ce titre la prise de Constantinople en 1204 fut l’occasion d’un transfert impressionnant de reliques vers l’occident. Dans quel but ? D’abord, elles manifestaient le pouvoir du roi et de son lien particulier avec Dieu tout en accroissant sa légitimité.
Ensuite, les rois dévoilaient ces reliques lors de grandes cérémonies ou lors de pèlerinages (ceux-ci devenant de plus en plus rares). Saint Louis mais aussi Charles V et son fils Charles VI, le roi fou, utilisèrent beaucoup ces stratégies de communication, comme on dirait aujourd’hui, envers leurs sujets : la dynastie des Valois en retira en tout cas un prestige supplémentaire, utile au temps de la guerre de cent ans.
Le trésor des rois se révèle un ouvrage fascinant.
Sylvain Bonnet
Murielle Gaude-Ferragu, Le trésor des rois – sacré et royauté, des rois maudits aux princes de la Renaissance, Perrin, avril 2022, 334 pages, 24 euros