Napoléon et le renseignement, un empereur pas si bien informé

Un spécialiste de l’espionnage

Chercheur spécialiste de l’histoire du renseignement au CNAM, Gérard Arboit a notamment publié Des services secrets pour la France, du dépôt de la guerre à la DGSE (CNRS, 2014). Il s’est déjà intéressé à la période napoléonienne en publiant un livre sur l’espion le plus célèbre de l’époque, Schulmeister, l’espion préféré de Napoléon (Éditions Ouest-France, 2011). Il vient de publier très récemment Napoléon et le renseignement (Perrin, 2022) où il revisite l’histoire des services de renseignement en appliquant les méthodes des intelligence studies développées dans les universités américaines.

La préhistoire du renseignement

Mais au fait est-ce qu’il y a seulement un service de renseignement sous Napoléon ? Ici, il n’y a pas de deuxième Bureau comme après 1871. Le cabinet de Napoléon, le ministère de la police, celui des Relations extérieures et l’état-major entretiennent chacun leur réseau pour obtenir le maximum d’informations sur les pays extérieurs (ceci inclue la cartographie). Le rayon d’action de ces services embrasse toute l’Europe. On y tente des choses nouvelles, comme de manipuler les élections de 1802 en Grande-Bretagne ou de faire de l’intelligence économique, par exemple en faisant venir en France des experts anglais de l’industrie textile : on espère ainsi rattraper le retard de la France. Mais les résultats tardent à venir…

Un échec sur le plan politique

Si sur le plan militaire Napoléon obtient des résultats probants, l’ouvrage démontre aussi que le premier empire n’arrive pas à connaître (ni à comprendre) l’état de l’opinion, tant pour la France que pour le reste de l’Europe (y compris annexée). Le problème central est identifié : il n’y a pas de centralisation de l’information : l’exemple de la tentative d’assassinat de Staps, connu de la police locale mais qui ne remonte pas au sommet, est typique. Trop d’acteurs institutionnels tue le renseignement… Voici une synthèse percutante, brillante, parfois trop détaillée, qui fera les délices des amateurs (tantôt d’histoire napoléonienne, tantôt d’histoire du renseignement).

Sylvain Bonnet

Gérald Arboit, Napoléon et le renseignement, Perrin, juin 2022, 540 pages, 25 euros

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :