Napoléon III, la France et nous: une réhabilitation nécessaire

Une figure trop longtemps décriée

Napoléon III, dans l’histoire de la France, oscille entre opprobre et oubli. L’opprobre qui l’accable est essentiellement due au coup d’état de 1851, perpétré contre la IIe République, et à la défaite de Sedan face à la Prusse qui amènera à l’annexion de l’Alsace-Lorraine par la nouvelle Allemagne. Pourtant, depuis une trentaine d’années, de nombreux chercheurs ont mis en avant l’œuvre du second Empire et l’impulsion décisive de Napoléon III dans la modernisation économique du pays. En 1990, Philippe Séguin a publié un ouvrage plutôt élogieux qui a eu un grand succès public. Maxime Michelet, auteur d’une biographie de l’impératrice Eugénie (éditions du Cerf, 2020) et de L’invention de la présidence de la République (Passés composés, 2022), revient donc sur le bilan de Napoléon III.

Un fondateur de notre modernité

Il ne s’agit pas ici de nier la répression de 1851, la période autoritaire du second Empire ou le désastre de Sedan. Car Napoléon III, on le voit avec ce livre, c’est autre chose. C’est d’abord la modernisation, le développement du crédit et de l’accès à l’argent qui permet le financement de l’économie. On pourrait citer aussi le développement des chemins de fer qui entraîne la création de filières industrielles (la sidérurgie, la mécanique). Personne ne peut nier que le second empire fut une période de prospérité où le niveau de vie augmente considérablement, y compris dans les campagnes. Sur le plan diplomatique, Napoléon III remet la France au centre du jeu avec la victoire en Crimée et le congrès de Paris en 1856. Son action en Italie, risquée, permet in fine au pays de reprendre Nice et la Savoie. Il y a bien sûr la désastreuse expédition mexicaine…Mais l’homme est plus progressiste que beaucoup de républicains, autorisant le droit de coalition (donc le syndicalisme), défendant les cités ouvrières et ce qu’on appelle l’hygiénisme. Le souverain a toujours eu un côté saint-simonien. On pourrait aussi parler de l’Algérie et de son idée de “royaume arabe”, bien plus novatrice qu’on ne l’a dit.

Malheureusement, il eut à affronter un génie politique, Bismarck, qui se joua de lui en 1866 (la sinistre affaire des « pourboires ») et surtout en 1870. Et puis, Victor Hugo, un de nos plus grands écrivains, l’a poursuivi de sa vindicte jusqu’à sa mort. Injustement ?

Napoléon III, la France et nous de Maxime Michelet aide en tout cas mieux le connaître.

Sylvain Bonnet

Maxime Michelet, Napoléon III, la France et nous, Passés composés, février 2023, 170 pages, 18 euros

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