La cité et le nombre, une relecture de la naissance de la démocratie athénienne

Analyser la démocratie athénienne

Paulin Ismard est l’auteur, avec Vincent Azoulay, d’Athènes 403, une histoire chorale (Flammarion, 2020) où il revenait sur la tyrannie des trente et le rétablissement de la démocratie. Il continue à travailler sur la démocratie athénienne en abordant cette fois-ci ses origines avec La cité et le nombre, en collaboration avec un spécialiste de Platon, Arnaud Macé, en abordant la fameuse réforme de Clisthène de – 508.

Aux origines

Nombreux sont les historiens à s’être penchés sur cette fameuse réforme, intervenue après la chute de Pisistrate et sa famille : citons Christian Meier, Nicole Loraux, Pierre Vidal-Naquet ou aussi Jean-Pierre Vernant. Clisthène rassembla, rappelons-le, les citoyens athéniens en dix tribus regroupant les citoyens inscrits dans des dèmes. On a aussi attribué à Clisthène d’avoir voulu mélanger les citoyens, au-delà des quatre tribus de l’époque archaïque, dans un rapport d’égalité. Une longue tradition historiographique a ainsi de l’homme politique le fondateur de la démocratie athénienne. Pour nos deux auteurs, c’est surtout une construction a posteriori.

Ordonner le monde selon les mathématiques

Toute autre semble avoir l’ambition de Clisthène selon nos deux auteurs qui font un détour par Platon pour expliquer ceci : l’homme politique a voulu créer un ordre rationnel fondé sur les mathématiques du rangement des choses et des hommes afin de résoudre la crise sociale et politique qui sévissait à Athènes. Or, ces savoirs mathématiques étaient largement connus de la population, ce qui a facilité l’adoption de la réforme et la création de ces dix nouvelles tribus. Quel était son but ? Neutraliser les risques d’instabilité ? Mélanger pour mieux éviter la guerre civile, la stasis? L’hypothèse apparaît séduisante et relance en tout cas les spéculations sur la naissance de la démocratie, ce « miracle grec » dont nous sommes les héritiers.

Sylvain Bonnet

Paulin Ismard & Arnaud Macé, La cité et le nombre, Les belles Lettres, octobre 2024, 208 pages, 19 euros

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