1, 2, 3, nous irons au bois, la petite promenade de Philip Le Roy

Comment attirer des jeunes sinon en leur promettant de l’argent et la future célébrité ? C’est la promesse du jeu Ne reviens pas !, pour lequel une dizaine de candidats acceptent l’expérience d’affronter leurs peurs dans un forêt immense. Celui qui résistera le plus longtemps sera le grand vainqueur ! Par ce petit jeu innocent s’ouvre de 1, 2, 3, nous irons au bois. Mais on sait bien que Philip Le Roy n’aime pas les petits jeux innocents !

N’oublie pas une chose avant de t’engager. Ce jeu n’est pas un escape game. Il s’agit d’une plongée dans le monde réel. D’une confrontation éprouvante avec tes peurs mais surtout avec celles que tu ne connais pas encore.

Jouer à se faire peur

Fanny adore être au centre de son petit monde de réseaux sociaux. Elle n’existe que pour cela. Sollicité par une publicité alléchante, elle va s’inscrire et avoir la chance d’être une des rares sélectionnées pour participer à Ne reviens pas ! C’est grandir que d’affronter ses peurs, et un petit tour dans les bois sans connexion, ça ne pourra pas lui faire de mal.

Au départ du jeu, les candidats sont éparpillés. Mais si l’on suit Fanny, comme personnage principal, on rencontre vite les autres, qui chacun joue sa carte. Entre violence et entr’aide, tout va être possible puisqu’il faut être le dernier ! Mais quand la nuit vient rendre l’immense forêt encore plus terrifiante, peuplée de petits bruits, d’insectes, voire plus, alors le niveau monte d’un cran. La petite aventure télé-réalité devient vite un teen horror movie version Wes Craven…

Et si la solution apparente était de se constituer en groupes, c’est que — peut-être — le vrai danger n’était seulement pas la forêt elle-même…

Dans la forêt, personne ne vous entend crier

Reprenant le lieu par excellente de la peur, la forêt primordiale, où se cachent tous les cauchemars, Philip Le Roy parvient à la réinventer. Il l’ajuste aux angoisses des adolescents d’aujourd’hui. Leur légèreté, leur inconsistance parfois, qui peut aussi bien se retourner contre eux.

Avec 1, 2, 3, nous irons au bois, Philip Le Roy confirme son statut de grand du thriller horrifique pour ado, mais pas que. L’ambiance est parfaitement construite, les personnages sont vivants et le stress monte à une rythme régulier, croissant, étouffant… jusqu’au au twist final magistral. Ce bouquin se dévore !

Loïc Di Stefano

Philip Le Roy, 1, 2, 3, nous irons au bois, Rageot, juillet 2020, 402 pages, 15,90 eur

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