Piergiorgio Pulixi, La Septième lune

Quatrième roman de la série, La Septième lune plonge les lecteurs de Piergiorgio Pulixi dans un nouveau décor, loin de la Sardaigne, mais qui joue comme en écho aux enquêtes précédentes et met en scène les quatre enquêteurs si attachants.

Sardaigne délocalisée

Mara Raïs et Eva Croce sont de nouveau réunies, ces deux opposées qui se titillent sans cesse mais sont inséparables et complémentaires. Elles viennent d’intégrer la SIS créée spécialement pour le professeur Vito Strega, ce colosse calme et particulièrement perspicace, qui lutte contre ses propres démons tout en gardant son équipe soudée. Et Bepi Pavan vient compléter cette équipe, l’énorme inspecteur, toujours à manger d’innombrables choses tout en cherchant le nouveau régime qu’il ne tiendra pas. Son obésité n’a d’égale que son humour très limite et son incapacité à la moindre retenue. Mais quel enquêteur ! Un quatuor de personnalités borderline très disparates mais qui fonctionne parfaitement, et qui est prêt à en découdre.

Mais que viennent-ils faire loin de la Sardaigne, dans le Tessin en pleine saison des pluies ? La région est inondée, les secours sont débordés. C’est le moment idéal pour se débarrasser d’un corps en pleine campagne. Mais la victime n’est pas abandonnée, après avoir subi ce qu’on voudra imaginer : elle est mise en scène. position fœtale les mains attachées dans le dos, affublée d’une peau de bête et portant un masque à la figure animale. Est-ce un Copycat ? un Sarde délocalisé ?

Une victime bien innocente

Même s’ils ont les plein pouvoir, Strega et son équipe doivent quand même composer avec les forces en présence. Un policier local, peu loquace, et qui s’investit beaucoup trop. Clara Pontecorvo, femme montagne, que seul le colosse Strega peut regarder sans se faire un torticolis, qui les assiste et parce qu’elle enquêtait sur la disparition de Teresa, qu’on vient de retrouver. C’était jeune femme parfaite en tout. Vraiment ? Son sacrifice est-il vraiment dû au hasard ? Il faudra bien creuser toutes les pistes. Aussi bien du côté de la famille, qui ne semble pas la plus équilibrée et soumise à des pressions externes, que du petit ami, tout semble faux. Et qui est cet homme rustre, qui enlève des femmes, les séquestres dans une cave, et parle tout seul et vit loin de tout avec ses chiens ? C’est en s’enfonçant au plus profond des petits secrets des uns et des autres que le SIS va pouvoir résoudre sa première enquête.

Si l’on peut lire et apprécier La Septième lune sans avoir lu les quatre romans précédents, c’est quand même se priver du plaisir d’avoir vu cette équipe hors norme se construire. C’est aussi passer un peu vite sur les éléments de la culture nuragique, essentielle. Mais le plaisir de l’écriture de Pulixi demeure incontestable, cette lenteur qui lui est propre, dans la construction qui révèle sa pleine beauté au fil des pages. L’intrigue est maîtrisée de bout en bout, et les révélations se font – comme toujours avec Pulixi – dans les ultimes moments. Ce roman confirme le talent d’un des meilleurs auteurs italiens vivants.

Loïc Di Stefano

Piergiorgio Pulixi, La Septième lune, traduit de l’italien par Anatole Pons-Remaux, Gallmeister, avril 2024, 528 pages, 25,90 euros

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