Plastok, tome 1 : l’empoisonnement

Dans un univers d’insectes ressemblant à l’Empire romain — mais où l’on conduit sa libellule comme un stormtrooper… — , le calme règne en apparence entre les peuples. La grande prêtresse permet l’unité. Mais cette coccinelle d’une grande sagesse va être assassinée, et tout ce qui était établi s’écroule. Quel monde va advenir ? Ainsi commence l’histoire de Plastok.

Frères insectes qui après nous vivrez

Les hommes ont tant lutté contre les insectes… qu’ils en sont morts eux-mêmes. Ne reste d’eux que la matière plastique, sous toute ses formes. C’est la monnaie, le plastok, mais c’est aussi l’héritage des Dieux Géants dont un survivant (Noah) aurait œuvré pour créer cette civilisation insecte sur une île protégée des pesticides. Depuis, Hexapoda vit en paix, et prospère. Certes, chacun chez soi, on ne va pas mélanger les fournis et les scarabées, et les nuisibles repoussés au loin, mais l’équilibre existe. Et Anasta CXV, la grande prêtresse, dispose que son monde tient parce qu’elle en est la mémoire et la gardienne du savoir.

Cet équilibre est brisé quand, lors de la cérémonie de l’Aube, au moment d’annoncer l’heureuse prêtresse qui va lui succéder, elle est empoisonnée au venin d’araignée. Alors tout le monde considère que Bug, le puceron préféré de la prêtresse, a dû être manipulé par les nuisibles pour la tuer. A partir de là commence pour ce modeste domestique une aventure que, de mémoire de puceron, on n’aurait pu imaginer (et qu’on vous laissera découvrir).

Une fable socio-écologique

Si le monde post-humain et l’invasion plastique servent de fond à l’histoire, la portée écologique est évidente. La subtilité des auteurs est de laisser l’histoire se dérouler sans trop insister plutôt que de montrer, ce qui ouvre plus de perspective pour les plus jeunes lecteurs. Voilà pour la partie écologique du discours. Pour la partie socio, c’est un monde divisé en classes sans la moindre étanchéité qui se pose comme un modèle mais dont on voit rapidement les limites. Les fissures vont laisser sourdre toutes les envies, et les forces négatives rejetées au loin vont petit à petit sortir de l’ombre d’elles-mêmes ou bien être instrumentalisées pour gouverner par la peur… Autant de thème d’une banale et affreuse actualité qui font de Plastok une très belle source de réflexion, au-delà de l’aventure en elle-même qui est plus que plaisante.

Ce premier tome de Plastok, qui en annonce trois, est une vraie réussite. C’est amusant au possible et intelligent à la fois. Bien sûr, on attend de voir ce que va devenir notre improbable héros — Bug le puceron —, et comment va se développer cette quête du plastique. On attend donc la suite avec impatience !

Loïc Di Stefano

Maud Michel (scénario) et Nicolas Signarbieux (dessins et couleurs), Plastok, tome 1 : l’empoisonnement, Glénat, février 2023, 72 pages, 15,95 euros

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