Géopolitique des petites puissances, un monde troublé

Docteur en histoire et directeur scientifique de l’institut d’études de stratégie et de défense de l’université Jean-Moulin Lyon 3, Thibault Fouillet publie ici aux éditions La Découverte un essai court intitulé Géopolitique des petites puissances qui remet en cause certaines idées reçues.

David contre Goliath

Au fond c’est l’échec initial des troupes russes lors de l’invasion de l’Ukraine en 2022 qui a mis en évidence une chose simple : le nombre, la puissance de feu et le potentiel économique ne font pas tout. Si les troupes ukrainiennes ont résisté et évité un effondrement rapide, c’est grâce à leur connaissance du terrain, à leur souplesse opérationnelle. C’est au fond ce que la Finlande avait fait face à l’URSS en 1940 et plus loin encore les cités grecques face à l’empire perse. Des petites puissances ont en effet des atouts face aux grandes puissances (Thibault Fouillet y range la France et la Russie) et même les superpuissances : le Vietnam a par exemple battu le géant américain… et tenu en échec les troupes chinoises en 1979. Ces petites puissances sont donc des acteurs du jeu géopolitique.

Des atouts et des faiblesses des petites puissances

Israël ou Singapour sont devenues des puissances régionales en misant sur l’éducation et les hautes technologies, deux atouts qui leur ont permis d’édifier des outils militaires redoutés. D’autres petites puissances peuvent moins s’appuyer sur le Hard power et choisissent souvent le soft power et de jouer sur l’influence : c’est par exemple la stratégie de Qatar qui, grâce à son fond souverain, a acheté le PSG et organisé une coupe du monde pour promouvoir une image positive… On pourrait aussi citer la Corée du Sud ou Taïwan, qui ont misé sur certaines niches technologiques pour assurer leur rayonnement. Ce qui n’empêche pas Taïwan d’être le cœur d’une potentielle crise où la Chine et les Etats-Unis peuvent s’affronter.

Une synthèse intéressante.

Sylvain Bonnet

Thibault Fouillet, Géopolitique des petites puissances, La Découverte « repères », mai 2024, 128 pages, 11 euros

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