Standing on a beach, la musique des années 80
Un éditeur rock qui nous comble d’aise
Il convient ici de saluer le travail de l’éditeur Le Mots et le reste qui accomplit un travail exceptionnel depuis plusieurs années en publiant monographies et études sur les groupes et les genres musicaux. Il fait le bonheur des fans de rock des années 50 à aujourd’hui. Cette fois, Sylvain Fanet, producteur d’émissions musicales pour Radio France, qui a choisi d’écrire Standing on a beach, titre emprunté à une compilation de singles de The Cure. Un livre sur la New Wave, mouvement musical majeur des années 80, qui recense 100 disques essentiels : vaste programme !
Un genre toujours vivant
Signalons tout de suite qu’il s’agit d’un exercice difficile. La New Wave nait en effet de la Cold Wave initiée par des groupes allemands comme Neu ! et Kraftwerk, sans oublier la trilogie berlinoise de David Bowie. Nombre de groupes se forment aussi dans l’effervescence punk et sont aussi marqués par la vague de la power pop comme Blondie avec l’album Parallel lines : il est toujours difficile de classifier ! Reste qu’un genre naît peu à peu, fondé sur le synthétiseur et lorgnant sur ce qu’on appellera la musique industrielle.
L’itinéraire de Trevor Horn, l’homme derrière Video Killed The Radio star et Owner Of A Lonely Heart de Yes (en passant, la seule bonne chanson de ce groupe inécoutable) illustre la richesse de ces années. On le retrouvera derrière le label ZTT qui sortira Art of noise et surtout Frankie Goes to Hollywood : les amoureux transis écoutent encore The power of love, sorti en 1984, au moment des fêtes de noël.
Une musique inusable
On a souvent décrié les années 80 marqué par un usage immodéré du synthétiseur et de la boîte à rythmes. Pour autant il faut ici reconnaître avec Sylvain Fanet l’importance de groupes comme les Talking Heads avec l’album Remain in light, pionnier du métissage musical, The Cure avec Faith et Pornography et surtout de Depeche Mode : ici, c’est l’album Music for the masses qui est vanté mais plus tard, il y aura Violator et Song of faith & devotion : aussi bon voire parfois meilleur que U2, groupe (trop ?) chéri du grand public.
Il y a aussi des réhabilitations dans ce livre : citons le groupe Visage (Fade to grey) ou l’album Play Blessures d’Alain Bashung. Par contre, on se permettra ici de regretter l’absence d’Étienne Daho : l’album Pop Satori est un chef d’œuvre dont l’architecture sonore est issue de la New Wave. Saluons par contre la défense de Propaganda, XTC ou Dead Can Dance : ce sont des groupes majeurs du genre.
La New Wave vit et est toujours d’actualité comme le montre la récente bande annonce du blockbuster Wonder Woman 1984 (avec la magnifique Gal Gadot) qui met en valeur le sublime Blue Monday de New Order : un argument de plus pour lire cet ouvrage passionnant.
Sylvain Bonnet
Sylvain Fanet, Standing on a beach, Le Mot et le reste, octobre 2019, 238 pages, 23 eur