L’homme de la plaine, un roman western à découvrir
Personne en France ne connaît T.T. Flynn (1902-1979), à part peut-être le regretté Bertrand Tavernier et pour cause : l’auteur, qui avait fait ses classes dans les pulps, avait écrit le roman dont fut tiré le film L’homme de la plaine, réalisé par Anthony Mann et avec James Stewart, un des meilleurs acteurs américains. Actes sud a traduit donc le roman éponyme, jugeons sur pièce.
Complots et vengeance
« Cela faisait désormais trois jours qu’ils se trouvaient aux lacs salés à charger quatre grands chariots de marchandise, en sueur et en alerte. Sous la chaleur effrontément torride de cette troisième journée, Will Lockhart gravissait le dôme de lave aux pentes raides et sauvages qui se dressait à l’extrémité est des lacs. »
Lockhart est venu avec ses gars prélever du sel sur un vieux lac, après avoir l’autorisation du ranch d’Half-Moon mais des hommes du ranch rival de Barb l’accusent de vol et tuent ses mules. Lockhart est choqué. Il décide de continuer seul et d’obtenir réparation auprès du shérif et aussi du propriétaire de Barb, Alec Waggoman. Et puis Lockhart ne s’arrêtera pas comme ça. Capitaine de l’armée américaine à Fort Laramie, il s’est mis en congé pour traquer les hommes qui ont vendu aux Apaches les fusils utilisés dans une embuscade où est mort son jeune frère. Lockhart se fait remarquer de Frank Darrah, un type ambitieux qui veut épouser la nièce de Waggoman, Barbara. Il est en cheville avec le contremaître de Waggoman, Vic Hansbro, dans pas mal de trafics mais c’est seul qu’il vend des armes aux indiens… Lockhart va remonter le fil, tout en tombant amoureux de Barbara. Mais la vérité éclatera-t-elle finalement ? Tout bascule quand le fils de Waggoman, un vaurien nommé Dave, est tué après avoir blessé à la main Lockhart. Ce dernier est-il coupable ? surtout qu’il est désormais l’employé de Kate Canaday, la patronne du Half-moon, la rivale de Waggoman qu’elle connait depuis l’enfance…
Le roman et le film
On comprend tout de suite ce qui a pu attirer un producteur dans cette histoire : il y a des rebondissements, du rythme (l’école des pulps), des personnages typés liés par bien des façons, des enjeux dramatiques qui ne peuvent qu’attirer le public. Lire le roman aujourd’hui est une expérience étrange en tant que cinéphile tant Lockhart a forcément le visage de James Stewart. Il y a finalement beaucoup de points communs entre le roman et le film. Les scénaristes ont fusionné les personnages d’Hansbro et de Darrah, interprété à l’écran par Arthur Kennedy. Souci d’économie narrative. Un bon roman en tout cas qui invite à revoir (encore et encore) le chef d’œuvre d’Anthony Mann.
J’ai oublié quelque chose ?
Ah oui. James Stewart est un des meilleurs acteurs du monde.
Bonne lecture.
Sylvain Bonnet
T.T. Flynn, L’homme de la plaine, traduit de l’anglais par Yannis Urano, postface d’Hubert Prolongeau, Actes sud, octobre 2024, 336 pages, 23,50 euros