Verdun 1916, une bataille emblématique

Militaire de 1998 à 2018, Michaël Bourlet est aussi historien et professeur en lycée, après un doctorat passé à Paris-Sorbonne. On lui doit notamment L’armée américaine dans la Grande Guerre (Ouest-France, 2017). Dans le cadre de la collection « champs de bataille » animée par Jean Lopez chez Perrin, il se propose de revenir sur la bataille de Verdun, livrée par les armées françaises et allemandes en 1916.

Une bataille voulue par l’armée allemande

De cette bataille qui dura trois cent jours, on peut dire qu’elle fut décidée par l’état-major allemand et son chef, Erich Von Falkenhayn. Le but est complexe et confus : prendre Verdun afin d’empêcher les Alliés de lancer une offensive suffisamment préparée, battre l’armée française (que les allemands méprisent), peut-être même parvenir à une paix négociée à l’Ouest. On le voit, les objectifs ne sont pas correctement définis. En tout cas, l’objectif de « saigner à blanc l’armée française » n’apparaît qu’au moment où les allemands se rendent compte qu’ils n’arrivent pas à prendre la ville de Verdun. Joffre voulait en 1915 grignoter les allemands, Falkenhayn lui veut user les français. Et le nombre de pertes, tout ça pour ça, est au final effroyable dans les deux camps.

Une bataille qui en annonce d’autres

Verdun impressionne par les effectifs engagés, le choix d’un champ de bataille très réduit le défi logistique que représente l’approvisionnement des troupes (les français s’avèrent d’ailleurs ici très performants), la symbiose qui se construit entre l’aviation et l’armée de terre aussi. Elle permet à Philippe Pétain de s’illustrer, sa défense du front en profondeur s’avérant très efficace. Verdun impacte aussi les projets d’offensive sur la Somme où les britanniques vont représenter la majorité des effectifs engagés (ce qui n’était pas prévu à la base). En somme, elle illustre la guerre moderne, préfigure par certains aspects Stalingrad ou le conflit en cours en Ukraine. Il faut cependant noter qu’elle ne fut pas décisive.

Synthèse brillante.

Sylvain Bonnet

Michaël Bourlet, Verdun 1916, Perrin, avril 2023, 384 pages, 25 euros

Laisser un commentaire