Un printemps à Naples, Ferdinand et Joseph 

Auteur de Révolution impériale (Passés composés, 2021) et de Vienne sous le soleil d’Austerlitz (Passés composés, 2024), Vincent Haegele, conservateur des bibliothèques de Versailles, revient ici avec le deuxième volume de son cycle les saisons de l’Empire avec Un printemps à Naples. Le livre revient sur la prise de contrôle du royaume de Naples par Napoléon.

Un royaume malade ?

Vincent Haegele revient sur l’histoire du royaume de Naples, passé de la dynastie des Habsbourg à celle des Bourbons au XVIIIe siècle. Charles III, qui a régné à Naples avant de monter sur le trône de Madrid, confie le royaume à son fils Ferdinand. Longtemps peint comme un incapable par l’historiographie, Ferdinand sait aussi se montrer proche des napolitains dont il parle la langue. Il a comme épouse Marie-Caroline, sœur de Marie-Antoinette, une princesse Habsbourg éprise des Lumières qui partage un but avec son mari : préserver l’indépendance et la souveraineté du royaume. Or, ce n’est pas facile. Le souverain régnant à Madrid cherche à garder un œil sur ce qui se passe à Naples, la France aussi au nom du pacte de famille et Vienne intrigue. Lorsque la Révolution commence, les souverains de Naples cherchent à se tenir à distance du chaudron parisien mais la mort de Louis XVI et la Terreur favorise leur ralliement à la contre-Révolution. Peu inquiétée lors de la campagne d’Italie de Bonaparte, Naples finit par être envahie par l’armée de Championnet : c’est l’épisode de la république parthénopéenne, vite réprimé dans le sang par une population qui choisit de soutenir son roi en exil en Sicile. L’épisode marque le royaume, une partie des élites ayant pactisé avec les français. Ferdinand et Marie-Caroline finissent par signer la paix mais observent avec perplexité l’évolution de la France vers l’Empire…

Un Bourbon s’en va et un Bonaparte arrive…

Austerlitz et la défaite autrichienne sonnent sans le savoir le trépas du trône de Ferdinand, rallié à la coalition. Des troupes russes et anglaises sont présentes à Naples mais finissent par faire comprendre au souverain que toute lutte contre les français dirigés par Masséna est inutile. Ferdinand et Marie-Caroline, comme quelques années plus tôt, se résignent à repartir en Sicile. C’est Joseph Bonaparte qui qui arrive dans les fourgons de Masséna. Il a en tête des réformes inspirés des Lumières, comme la sécularisation des biens du clergé régulier, souvent portés par bien des souverains avant la Révolution. Joseph s’installe à Naples, séduit par la ville. Le petit peuple, les fameux lazzaroni, reste sceptique tandis que la répression française dans les Pouilles est féroce. Peut-on imposer une politique révolutionnaire à un peuple qui n’en veut pas ?

On attend la suite, prévue à Madrid cette fois-ci.

Sylvain Bonnet

Vincent Haegele, Un printemps à Naples, Passés composés, avril 2025, 272 pages, 22 euros

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