Les gardiens de la lagune – Viviane Moore. Plongez dans la Venise médiévale

Viviane Moore fait partie du paysage littéraire pour les adeptes de romans historiques. La saga de Tancrède le Normand avait fait voyager le lecteur de la Normandie médiévale au royaume normand de Sicile. Son dernier tome nous avait laissés un peu démuni, comme abandonné par ces héros que nous avions suivis avec passion. Les Gardiens de la lagune vient comme une réponse : Hugues de Tarse et Eleonor de Fierville débarquent à Venise où les qualités d’enquêteur du tuteur de Tancrède vont être rapidement mises à contribution.

Quand la bête de la lagune surgit

1162. Des ossements enfouis sous les décombres d’une église font ressurgir un passé que beaucoup aurait préféré garder secret. Quelques jours plus tard, un homme est agressé et laissé pour mort tandis qu’un autre corps est retrouvé dans le canal du Rialto. Ce dernier n’est autre que le neveu du doge, Vitale Michiel II. La menace pesant sur son nom et sur son honneur pousse ce dernier à solliciter l’aide d’Hugues de Tarse. Le chevalier et sa famille viennent en effet de débarquer pour commencer une nouvelle vie et tenter d’oublier les événements survenus en Sicile. Malédiction, crime crapuleux ou vengeance? Hugues de Tarse et sa femme vont devoir s’immerger dans la société vénitienne et en comprendre les rouages pour élucider cette sombre histoire.

Historia qui signifie enquête

Viviane Moore est réellement dans l’Historia. Nous retrouvons les codes du roman policier. Hugues de Tarse interroge, croise les éléments et fait usage de toute sa sagacité pour lever le voile. Pour être honnête et sans vouloir trop en dire, nous devinons assez rapidement les tenants et les aboutissants de l’affaire. Ce n’est donc pas tellement cet aspect que nous retiendrons le plus.

En revanche, nous découvrons tout comme le chevalier de Tarse et sa femme, la cité de Venise. Et cette dernière n’est en rien semblable à l’image que nous pouvons en avoir. Au XIIe siècle, les îles Réaltines ne sont reliées par aucun pont, chacune est comme un village avec son église, ses fermes, ses vergers et ses salines. Si la basilique Saint-Marc et son campanile existaient, ce dernier servait de phare tandis que se dressait un château fort byzantin à la place du palais des doges.

Et là réside la réussite de Viviane Moore : par ses mots, elle réussit une véritable reconstitution visuelle de cette Venise. Il en est de même pour cette société vénitienne où la place de la femme est marquée par l’influence byzantine. Ces dernières sont soumises aux hommes et sont considérées comme des valeurs ajoutées. En aucun cas, elles n’ont la maîtrise de leur destin. Pour renforcer cette immersion, Viviane Moore donne à l’usage du lecteur un glossaire vénitien ainsi qu’un rappel des lieux de l’ancienne Venise en passant par la gastronomie vénitienne.

Les Gardiens de la lagune est donc, on peut l’espérer, le premier tome d’une nouvelle saga. Si le roman ne brille pas par l’aspect policier, il permet une immersion dans une Venise que l’on découvre avec plaisir. Nous espérons donc qu’un second tome verra rapidement le jour.

Clio Baudonivie

Viviane Moore, Les Gardiens de la lagune, Editions 10/18 collection “Grands détectives”, janvier 2019,432 pages, 8.40 euros.

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