Harcèlement, 20 histoires pour libérer la parole des victimes

Maria Stoian a recueillis des histoires de harcèlement et de violence, toutes tristement véridiques. Elle en a fait Tu pourrais me remercier, un album pour témoigner et libérer la parole des victimes.

 

Tu pourrais me remercier, 20 histoires pour faire réfléchir

Chaque histoire est une étude de cas, d’une « banale » mésaventure au drame de toute une vie, des attouchements dans le métro aux simples « comportements sexistes inappropriés », du viol de différentes manières aux humiliations.

Chaque fois la victime l’est doublement : de l’acte et de l’impossibilité de s’en remettre, d’en parler ou de retrouver sa dignité. Rien d’anodin, aucune situation neutre, et toutes vraies. Et une majorité de femmes maltraitées, très peu d’hommes mais les cas sont très dérangeants (même si l’un d’entre eux n’est pas un harcèlement à proprement parler).

Les cas sont variés et plus ou moins « graves », mais aucun ne laissera indifférent tant Maria Stoian atteint à une sorte d’universalité, ses dessins aplatis et primaires y concourants également.

 

 

20 tristes portraits de l’humanité

Si l’on se place maintenant du côté des agresseurs, nul doute que nous aurons le portrait d’une humanité bien décevante et bien en retard au regard des exigences morales qui forment la base d’une civilisation. Quels progrès il reste à faire pour que ces agissements ne soient plus source de petits rictus… La valeur pédagogique est donc à double tranchant, pouvant inviter les « futures victimes » à savoir se défendre et oser parler, mais aussi aux « futurs agresseurs » à retenir leurs gestes.

 

Il faut dépasser le côté « moche et bâclé » des dessins — dont le style diffère à chaque histoire tout en conservant son minimalisme — pour comprendre combien cette simplification peut porter une puissance pédagogique réelle. Le harcèlement devient enfin un vrai sujet de société, et Tu pourrais me remercier pourra sans nul doute participer à délier les langues, comme l’annexe y invite.

 

 

Loïc Di Stefano

 

Maria Stoian, Tu pourrais me remercier, traduit de l’anglais par Claire Martinet, Steinkis, octobre 2017, 104 pages, 15 euros

 

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